Les pseudo-vedettes victimes de leur sort

Depuis quelques années, l’industrie musicale américaine est inquiète de perdre ses plumes. Soit par peur d’une perte de profit ultérieure ou par véritable intérêt pour la relève, les concours musicaux visant à couronner de nouvelles vedettes de la musique pop se sont multipliés. À la télévision, ces concours prennent une place importante sur les ondes, sans oublier que les gagnants pullulent. Selon moi, la sélection artificielle des gagnants, leur surabondance ainsi que les raisons qui incitent le public à écouter ces émissions prouvent que ces concours constituent plutôt un mirage pour ceux qui voudraient se servir de ce tremplin pour plonger dans le succès.

Les concours de musique sont particuliers puisque, contrairement à la réalité, les artistes sont peu à s’affronter entre eux. Ce contexte artificiel et cette sélection contrôlée consacrent des gagnants, mais leur succès demeure incertain. Les participants ont beau être couronnés, rien ne garantit qu’ils réussiront à vendre des disques et à poursuivre leur carrière. Je pense au gagnant de la deuxième saison d’American Idol, Ruben Studdard. Il a bien pu avoir la faveur du public, celui-ci l’a maintenant oublié. Il parvient à se tailler une place au palmarès de musique soul américain mais cela paraît bien peu comparativement à ce que promettait sa victoire. Le simulacre paraît d’autant plus par l’appui que certains participants héritent de leur famille et de leur entourage. Le concours musical se résume alors à un concours de popularité. Cet environnement ne représente aucunement la réalité du domaine de la musique où la gloire n’est jamais chose acquise.

Chaque année de nouveaux chanteurs reçoivent le titre de vedette ou d’idole. Leur nombre devient incalculable et leurs particularités de moins en moins marquantes. Alors, les pseudo-vedettes nés des concours musicaux se perdent dans la mêlée et leur manque d’expérience concrète du métier les mènent à sombrer dans l’oublie ne sachant se détacher du peloton. Je trouve cet exemple frappant : après trois saisons d’American Idol, seule une gagnante a réellement réussi à se faire un nom. Kelly Clarkson, la première couronnée de l’émission est pourtant bien isolée dans cette situation. Les autres gagnants du concours ne réussissent que légèrement ou pas du tout. La surabondance de gagnants leur rend difficile la tâche de se démarquer et leur nombre sans cesse croissant ne fait qu’aggraver la situation.

Mais pourquoi le public a-t-il tant d’intérêt à suivre le cheminement d’artistes dont la carrière risque de se limiter à l’émission même où elle débute ? Parce que le public aime rire de la médiocrité. C’est ainsi que William Hung arrive à avoir un fan club et des groupies, bien que cet étudiant sino-américain soit dépourvu de talent. Mais sa prestation a suscité le rire chez plusieurs, ce qui est assez pour le propulser au rang de « vedette ». Le principe est aussi démontré grâce à la popularité de l’émission WB Superstar qui visait à se moquer des participants et à trouver le « pire chanteur » aux États-Unis ! Le divertissement prime même quant il en vient aux juges, eux qui jouent des rôles caricaturaux suscitant la réaction. Sans oublier que le public s’amuse parfois à voter pour le chanteur le moins talentueux. Toutes ces preuves démontrent le manque de sérieux à la base de ces compétitions.

L’environnement simulé dans lequel s’affrontent les apprentis de la chanson ne fait que confondre les participants qui s’attendent à un succès instantané au terme de leur participation. Pourtant, leur nombre rend ce succès impossible, puisqu’ils sont des milliers d’artistes à se battre pour l’attention du public. Mais ce public se fout de la sensibilité des artistes – c’est son divertissement qui compte – et une fois que le téléviseur est éteint les apprentis tombent dans l’oubli. Nous n’avons rien à faire de ces vedettes instantanées à qui on donne des contrats de disque sans qu’ils aient fait leurs classes ou leurs preuves. Reste à voir si les créateurs de ces concours se rendront compte de l’illusion qu’ils créent.

Sources :

1) « American Idol », Wikipedia.com - encyclopédie gratuite, (en ligne), vérifié le 12 février 2006, http://en.wikipedia.org/wiki/American_Idol.

2) « The WB Superstar », The Internet Movie Database, (en ligne), vérifié le 14 février 2006, http://www.imdb.com/title/tt0412254.

3) « William Hung », Wikipedia.com - encyclopédie gratuite, (en ligne), vérifié le 12 février 2006, http://en.wikipedia.org/wiki/William_Hung.

4) « American Idol Winners : Did They All Find Success ? », About.com, (en ligne), vérifié le 14 février 2006, http://realitytv.about.com/od/wherearetheynow/ss/idolwinners.htm.

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