Ottawa-Sud : Continuité contre intégrité

La lutte risque d’être chaude dans le compté d’Ottawa-Sud. Dans cette circonscription acquise aux libéraux depuis 1988, le candidat vedette conservateur Allan Cutler pourrait bien mêler les cartes.

Le vote libéral a résisté au départ de l’ancien ministre John Manley remplacé par David McGuinty. Avocat de formation et frère du premier ministre de l’Ontario, il a conservé ce siège en 2004 avec près de 45 pourcent du vote. Pendant les 17 derniers mois, le député McGuinty est « venu en aide à plus de 4000 personnes et familles » déclare-t-il sur son site électoral.

De son côté, Allan Cutler, l’ex-fonctionnaire ayant dévoilé le scandale des commandites, reçoit un vif appui de son chef Stephen Harper. « Il est un véritable héro canadien qui représente l’intégrité qu’un gouvernement conservateur apportera au Parlement, » affirma Harper en début de campagne.

L’enthousiasme des citoyens présents au débat des candidats du 17 janvier (au Centre communautaire Huntclub – Riverside), démontre une marge serrée entre le libéral et le conservateur. Mais il y a aussi un appui considérable en faveur du néo-démocrate Henri Sader. Il répète que le NPD est une véritable troisième option : « Si vous votez pour le deuxième meilleur vous n’aurez que les deuxièmes meilleurs résultats. » Aucun des partis n’ont voulu partager leurs sondages internes.

Promesses et inquiétudes

Allan Cutler a insisté sur la réduction d’impôt aux utilisateurs des transports en commun. Il s’est aussi fait le défenseur du budget de son chef, indiquant que les rumeurs de déficit sont fausses. Une vérification a été menée par une tierce partie indépendante, soutient-il.

M. McGuinty a plutôt parlé des travaux entamés par son gouvernement, tel l’accord fédéral-provincial sur la santé qui prévoit une somme pour l’expansion de l’Hôpital Général, situé dans le compté.

Certains citoyens ont exigé de connaître le plan des candidats pour protéger la ceinture de verdure pendant l’expansion du train léger. Tous les candidats se sont entendus sur la nécessité de consulter le public pour trouver un compromis.

L’inquiétude quant au souhait des conservateurs de se retirer de Kyoto a aussi résonné. M. Sader insiste sur le respect de l’accord en ajoutant qu’ « il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. » Pour sa part, John Ford du Parti vert affirme que « si l’air et l’eau sont pollués, il importe peu que son gouvernement soit de droite ou de gauche. »

Quant à la question du mariage entre personnes de même sexe, tous les candidats sauf M. Cutler, se sont engagés à protéger ce droit.

Aide aux minorités culturelles

Les groupes minoritaires dénoncent la difficulté de trouver un emploi dans leur domaine de compétence. Le député sortant a souligné les efforts de son gouvernement, tombés à l’eau lors du déclenchement des élections. M. McGuinty a réitéré l’engagement de son parti d’accélérer la reconnaissance des qualifications.

La position canadienne sur le terrorisme intéresse aussi les électeurs dont plusieurs sont d’origine arabe ou musulmane. « Certains membres de la communauté ont peur de quitter le pays, » a souligné le candidat du Parti vert, John Ford. « Il est important de démontrer notre souveraineté face aux États-Unis. »

En 2004, c’était un sujet important de la campagne néo-démocrate. La candidate était Monia Mazigh, la femme du canadien d’origine syrienne Maher Arar. Elle soutient le nouveau candidat, M. Sader, dans sa campagne.

« L’intégrité n’a pas de frontière »

Enjeu ailleurs au pays, l’éthique était une des dernières questions soulevées par les électeurs.

M. McGuinty affirme être horrifié par ce qui s’est produit au Québec. Il soutient qu’en tant que nouveau député il participe au changement, à l’application de nouveaux règlements. M. Cutler est d’un autre avis : « Pas besoin de nouvelles règles, tout ce qu’il faut c’est respecter celles déjà en place! »

Pourtant M. Cutler a été au pris avec son propre conflit d’éthique. Il a dû défendre le montant de 50 mille dollars que son parti a payé à l’ancien candidat Alan Riddell pour qu’il se retire de la course à l’investiture d’Ottawa-Sud. Il s’est contenté de qualifier cette pratique « d’habitude politique généralisée ».

Le lieu de résidence de M. Cutler a aussi soulevé la controverse, quand un citoyen a fait remarquer que le candidat était le seul à ne pas résider à Ottawa-Sud. « L’intégrité n’a pas de frontière, » a répliqué le conservateur. Le candidat progressiste Brad Thompson a rajouté que le lieu de résidence n’enlève rien au candidat.


Les électeurs feront part de leur choix lundi.


OTTAWA-SUD en statistiques

Nombre d’électeurs : 84 672
Superficie : 76 km2
Population : 118 808
Taux de participation en 2004 :
70 % avec 59 230 votes

Revenu moyen : 55 056$ par année
Taux de chômage : 7 %
Langues maternelles :
Anglais (57 %)
Autre (28 %)
Français (13 %)
Groupes ethnoculturels :
Blancs (71 %)
Noirs (8 %)
Arabes (6 %)

Résultats aux élections de 2004 :
Parti libéral : 44 %
Parti conservateur : 35 %
Nouveau parti démocratique : 14 %

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