Musée du portrait du Canada : Ottawa fait marche arrière

Malgré les 9 millions $ déjà dépensés en planification et aménagement de l’ancienne ambassade des États-Unis, le Musée du portrait du Canada n’y verra pas le jour. Le gouvernement conservateur serait d’avis que la poursuite des travaux est trop dispendieuse.

Le ministère du Patrimoine canadien, gestionnaire des édifices historiques, avait estimé les frais d’aménagement du musée à 22 millions $ en janvier 2001. Quatre ans plus tard, le coût prévu avait grimpé du double, atteignant près de 45 millions $.

La nouvelle qui n’a pas encore fait l’objet d’une annonce officielle a été publiée dans un article du Ottawa Citizen le 3 octobre 2006. Selon le journaliste Tim Naumetz de CanWest Média, un conservateur haut placé aurait affirmé « qu'il n'y aura pas de galerie » au 100, rue Wellington.

Les multiples révisions et ajouts au projet sont pointés du doigt. Toujours selon l’article, il y aurait eu au moins 19 modifications au contrat de restauration totalisant plus de 3 millions $ de frais supplémentaires.

L’aménagement de l’immeuble protégé par Patrimoine canadien nécessite la considération de plusieurs aspects. Les travaux ont porté notamment sur l’enlèvement d’isolant à l’amiante, l’installation des gicleurs ainsi que l’étude de l’accumulation de neige et l’effet des vents.

« Le 100, rue Wellington est un édifice qui a une désignation d'édifice patrimonial, donc qu'on ne peut pas démolir », explique Pierre Manoni, agent des relations média de Travaux publics et services gouvernementaux Canada, lors d’un entretien téléphonique.

« Que ça devienne le Musée du portrait ou autre chose, on doit s'en occuper. On a fait des dépenses pour faire des travaux dans l'édifice, présentement les travaux ont stoppé. Mais au minimum il y a un entretien général », précise-t-il.

Le gouvernement aurait d’autres fins en tête pour cet édifice patrimonial dont l’installation d’un centre de la GRC ou de nouveaux bureaux pour le Conseil privé.

Peu importe l’usage qui en sera fait, l’édifice aura besoin d’être aménagé. Les coûts de mise en place pourraient varier selon le projet retenu mais le représentant des travaux publics n’a pu s’avancer sur l’écart de prix possible entre les divers projets.

« On ne peut pas se prononcer sur des spéculations » a affirmé M. Manoni.

La directrice générale du Musée du portrait, Lilly Koltun n’était pas disponible pour faire de commentaire sur la délocalisation probable de la galerie.

Dominique Collin, agente de relation avec les médias de Patrimoine canadien, était également avare de commentaires.

« La seule chose que je peux vous dire c'est qu'il n'y a pas de décision qui a été prise », a-t-elle indiqué.

L’absence du musée au centre-ville est une perte pour la ville d’Ottawa selon Jinny Yu, professeure d’arts visuels et de peinture à l’Université d’Ottawa. À son avis, il importe de voir où le gouvernement décidera d’installer le nouveau musée.

« Ils vont perdre la visibilité qu'ils auraient eue si c'était ouvert sur la rue Wellington. Ça aurait ajouté une autre institution dans le centre-ville, dans les environs. Ça aurait créé un genre de concentration, une dynamique », a indiqué l’artiste lors d’une entrevue par téléphone.

La professeure espère que le musée verra quand même le jour, et ce, le plus tôt possible. Selon Mme Yu, un tel musée accroîtrait la culture à Ottawa.

Le projet du Musée du portrait du Canada a été lancé le 23 janvier 2001, sous l’égide du gouvernement Chrétien. Le musée regrouperait plus de 20 000 tableaux, dessins et estampes provenant de la collection de Bibliothèque et Archives Canada.

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