Service Canada néglige des demandes d’assurance emploi
Service Canada demande à ses employés de l’Ontario d’ignorer les demandes d’assurance emploi vieilles de plus de 28 jours. La tromperie dénoncée par le Syndicat de l’emploi et de l’immigration du Canada (SEIC) viserait à mieux faire paraître le rendement du traitement des demandes.
« En abandonnant les demandes de plus de 28 jours, Service Canada se trouve à priver de service les personnes qui ont attendu le plus longtemps », explique Ian Shaw, le vice-président ontarien du SEIC, dans un communiqué.
Selon Jeannette Meunier-McKay, présidente nationale du SEIC, les fonctionnaires ontariens ont reçu une note de service la semaine passée leur indiquant la nouvelle mesure temporaire.
La présidente syndicale souligne que les dossiers prennent du retard par rapport à leur objectif en Ontario.
« Ça va mieux dans les autres provinces mais au mois de décembre passé il y a eu un arriéré semblable au Québec », a précisé la présidente lors d’une entrevue téléphonique.
Les employés membres de la section locale du syndicat auraient discuté des problèmes éthiques de cette procédure avec leurs gestionnaires lesquels n’y auraient rien changé.
« Cela se fait non pas pour le bien du public mais bien pour que les statistiques sur la production du mois en cours paraissent mieux qu’elles ne le sont », a ajouté M. Shaw.
Le syndicat affirme qu’en visant un objectif élevé en matière de rapidité de paiement, Service Canada s’attarde plus à la quantité qu’à la qualité. Le ministère a alors besoin de masquer les effets de l’insuffisance de ses services.
« De façon générale, quand on compile des données il y a une différence entre la falsification et le changement de la période d’évaluation », explique Luc Juillet, professeur en science politique et membre du Centre d’étude en gouvernance de l’Université d’Ottawa, lors d’une entrevue.
« Présenter des donner sous un jour plus favorable c’est quelque chose qui se fait, a précisé M. Juillet. Mais ce n’est pas une bonne pratique. »
Selon le spécialiste en administration publique, décider d’ignorer des dossiers qui tardent serait une décision clairement préjudiciable aux citoyens.
Mme Meunier-McKay estime que le camouflage de ces demandes cherche à cacher une plus grande lacune. Service Canada, dont la mission est d’offrir de meilleurs services tout en économisant de l’argent au fédéral, tente d’en faire trop avec peu.
« C’est en accroissant le personnel plutôt qu’en multipliant les manœuvres administratives qu’on arrivera à assurer des services suffisants à la population canadienne », a-t-elle souligné dans un communiqué.
La présidente mentionne également que « l’énorme excédent budgétaire », annoncé par le gouvernement plus tôt cette semaine, aurait pu être affecté aux services fédéraux qui en ont besoin.
Le syndicat demande aussi au gouvernement conservateur, préoccupé par les questions d’éthique et de transparence, d’améliorer la gestion du ministère.
Service Canada a reçu plus de 1,5 million de demandes d’inscriptions au programme d’assurance emploi entre les mois de janvier et juillet 2006.
Près de 475 000 Canadiens reçoivent ces prestations, selon les données les plus récentes de Statistique Canada. De ce nombre, l’Ontario en compte presque 118 000.
Malgré nos nombreuses tentatives, les relations médiatiques de Service Canada n’ont pas donné suite à nos appels.
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