Les militaires abandonnés par le gouvernement
Le Collectif militaire, qui regroupe 26 anciens soldats atteints du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), a dénoncé la résistance qu’exerce le gouvernement à leur égard. Malgré de nombreuses tentatives, ces ex-combattants n’arrivent pas à obtenir les outils nécessaires à leur réadaptation.
« Le Collectif militaire reproche au gouvernement de multiplier les procédures judiciaires pour avoir à l’usure les 26 anciens militaires, ce sont les derniers qui s’accrochent encore dans cette bataille juridique, qui ont intenté des actions en dommage », a déclaré d’entrée de jeu Denis Simard, porte-parole du Collectif lors d’une conférence de presse au Parlement.
Aux yeux du groupe, le gouvernement s’obstine à changer les règles du jeu. D’abord, la nature de leur cause n’est pas du domaine de la cour fédérale. De plus, ils ne peuvent se servir d’un recours collectif. Enfin, les rapports de l’ombudsman de la Défense nationale accumulent la poussière.
Les soldats ayant servi à Chypre, en Somalie, en Ex-Yougoslavie ainsi qu’en Haïti critiquent la réaction du gouvernement envers eux. Alors qu’ils ont risqué leur vie pour le pays, leurs séquelles sont carrément ignorées par l’État. D’autre part, les soins offerts sont soit insuffisants ou inaccessibles.
« Ils n’ont reçu aucun soutien psychologique des forces armées canadiennes », souligne d’ailleurs M. Simard.
Selon le porte-parole, ces militaires mal préparés au combat, témoins de situations horrifiques et souvent libérés contre leur gré se retrouvent sans soutien. Le Collectif vise à ce que les nouveaux soldats envoyés en Afghanistan, entre autres, ne subissent pas un tel abandon.
Pourtant, d’autres pays occidentaux reconnaissent le SSPT, en plus d’offrir des soins à leurs soldats affectés. Par contre, ici le sujet demeure relativement tabou.
« Le Canada est en retard encore une fois pour tout », déplore M. Simard.
« Malheureusement les hommes qui reviennent blessés de ces missions, qui donnent leur cœur et âme et sang pour les droits et libertés des gens qu’on ne connaît pas, n’ont pas ces droits lorsqu’ils reviennent au pays », déclare pour sa part Georges Dumont, ex-sergent et fondateur du Collectif militaire.
La déchéance du retour
Georges Dumont, lui-même aux prises avec le SSPT, précise que son groupe de 26 ex-soldats ne représente qu’une fraction des personnes touchées.
« Le problème n’est pas le manque de victime. (…) Si je faisais un appelle au niveau national sur ma ligne 1-800, je pourrais avoir deux à trois cents clients sans problème », soutient-il.
Ayant été plus nombreux, certains membres du groupe n’arrivent pas à tenir le coup.
« Y a des gens qui se désistent, parce que vous savez que ça coûte de l’argent poursuivre le gouvernement du Canada, revendiquer ses droits », rappelle M. Simard.
L’ancien soldat Simon Boies a subi le choc traumatique d’avoir à combattre en Afghanistan plutôt que de travailler à une mission de paix tel que son entraînement l’avait préparé. Revenu au Canada, il lui a fallu deux ans et demi avant d’obtenir sa pension qui, s’établissant à 650 $ par mois, est bien insuffisante.
« Dans les autres pays, en Angleterre, en Europe, aux États-Unis on s’occupe de ces gens-là. Ici, au Canada, on s’en occupe pas. On prend toute sorte de raison pour s’en débarrasser. (…) Au Canada, on est au Moyen-âge pour s’occuper des problèmes post-traumatiques », se scandalise Denis Simard.
De nombreux ex-soldats ont de la difficulté à s’adapter à la vie sociale, souffrent d’hypervigilance, sont suicidaires ou alors finissent par sombrer dans la toxicomanie. Pour sa part, Simon Boies a fait quatre tentatives de suicide.
« Pour la plupart de ses hommes, mourir est la chose facile à faire, c’est vivre qui est difficile pour eux », regrette Georges Dumont.
-Nathalie Caron
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